La numérisation s’impose de plus en plus dans la poursuite pénale. Les différents maillons de la chaîne pénale doivent être reliés par des interfaces standardisées pour qu’ils puissent collaborer efficacement à l’ère numérique. Dans le canton de Lucerne, l’interface « JusPol » entre le ministère public et la police constitue un projet de ce type.
La numérisation est devenue un sujet plus important que jamais pour toutes les autorités de la chaîne pénale, ce que démontre le lancement du projet national Justitia 4.0 qui a pour objectif la numérisation de la justice suisse. Depuis lors, de nouveaux processus sont définis en permanence, ceux-ci devant être conçus de manière à réduire la quantité et la fréquence des données saisies manuellement. Alors que cela constitue déjà un défi au sein des autorités, cela devient encore plus complexe dans le cadre de la collaboration avec d’autres acteurs de la poursuite pénale.
Différentes applications issues de plusieurs fournisseurs doivent échanger des données entre elles. Pour y parvenir, les applications doivent parler le même « langage de données » ; en d’autres termes, les interfaces doivent être harmonisées entre elles. Dans le canton de Lucerne, le ministère public et la police sont également confrontés à ce défi. Les faits traités par la police et saisis dans son application spécialisée doivent pouvoir être transmis avec toutes les métadonnées et tous les documents dans l’application spécialisée du ministère public. Ce besoin a conduit à l’interface « JusPol » actuellement en cours de développement.
Rendre les connaissances acquises utilisables par d’autres grâce à la standardisation
Initialement, le concept technique était très complexe et peu compréhensible par les parties prenantes, le début de la collaboration fut donc laborieux. Par la suite, le concept a été continuellement adapté au standard eCH-0051 et aux exigences du terrain, ce qui a permis de créer la base requise pour les développeurs de logiciels impliqués en définissant clairement les données qui devaient être envoyées ou traitées par le logiciel. Cela montre à quel point la standardisation représente un gain de temps et d’argent. Mis à part les aspects techniques, il est impératif que les points de vue issus de la pratique soient systématiquement pris en compte et que les connaissances acquises soient réutilisées pour de futurs travaux.
La révision du standard actuellement en cours et l’intégration d’experts dans des groupes spécialisés devraient précisément permettre d’atteindre cet objectif (cf. entretien « Le standard eCH-0051 révisé se compose désormais de modules »). Les points de vue professionnels et pratiques doivent être intégrés beaucoup plus fortement dans la standardisation, de sorte qu’il ne soit pas nécessaire de recréer de nouvelles spécifications à l’avenir lorsque des cas similaires d’utilisation doivent être déployés entre différentes applications.